dimanche 16 juin 2013

La Révolution française (19) : Massacre au Champ de Mars !

En ce 17 juillet 1791, la Liberté à laquelle le peuple français goûtait depuis deux ans a pris un très mauvais coup. Coup qui pourrait lui être fatal ! 
Le 21 juin de cette année, ce jour où le Roi décida de partir, il a déchaîné contre lui-même un grand mouvement républicain. Un mouvement porté par le Club des Cordeliers, par des journalistes et des pamphlétaires tels Camille Desmoulins, mais aussi par de grands esprits intellectuels de notre temps tels Condorcet. Face à eux, à ce républicanisme qui se diffuse au sein du peuple, l'Assemblée constituante s'est dressée. Largement dominée par les monarchistes constitutionnels, elle refuse d'envisager l'idée d'une république. Même ses éléments les plus progressistes, issus du Club des Jacobins, sont pour la plupart réticents à cette idée. 
C'est ainsi que, pour tenter de restaurer la légitimité de ce Roi déchu, elle a mis en oeuvre une ruse des plus grossière : sur la base des déclarations du marquis de Bouillé, assumant la responsabilité de l'organisation de la fuite du Roi, fut échafaudée la théorie de l'enlèvement du Roi, définitivement adoptée le 16 juillet. 
Qui pouvait croire à pareille ruse ? De là est née la pétition du Club des Cordeliers, qui provoqua en partie le massacre du Champ de Mars : une pétition dénonçant et le Roi, et l'Assemblée (nouveauté qui fit encore plus peur à cette dernière), deux plaisantins venus se cacher sous l'autel de la Patrie afin de regarder sous les jupes de ces dames venues signer la pétition. Il n'en a pas fallu plus. Les deux plaisantins découverts, on les prit pour des conspirateurs venus détruire l'autel, et on les déchiqueta. La nouvelle, arrivée à l'Assemblée, avait été déformée en "deux hommes, tentant de rappeler le peuple à ses devoirs [envers l'Assemblée et le Roi] ont été massacrés". Dès lors, Bailly, maire de Paris, est sommé de hisser le drapeau rouge de la Loi Martiale, la garde nationale est mobilisée en masse, la garde soldée créée âr La Fayette, ainsi qu'un régiment de dragons. Et c'est le drame. Une cinquantaine de cadavres ont été relevés.
C'est un jour noir pour notre Révolution : une foule sans défense attaquée pour avoir été signer une pétition réclamant la chute du Roi félon (personne n'a été dupe de l'histoire inventée par l'Assemblée), des Jacobins et des Cordeliers pourchassés jusque dans les rues de Paris, des journaux supprimés, la liberté politique et d'expression attaquées... 
Les monarchistes constitutionnels auront été jusqu'au bout pour sauver l'accord politique qu'ils ont toujours défendu entre la noblesse libérale et la bourgeoisie devenue puissante. Ils auront été jusqu'à se compromettre en inventant des histoires, à perdre définitivement leur crédibilité en faisant tirer sur la foule à l'instar de La Fayette. La Constitution qui naîtra de leurs travaux et intrigues est d'ores et déjà basée sur le sang du peuple.  Comment pourra-t-elle se pérenniser ? 





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