mercredi 10 avril 2013

La Révolution française (14) : Gare à l'exemple belgique !


Gare à l’exemple belgique !

La précédente édition appelait à prendre garde contre les divisions qui pouvaient détruire la Révolution. En particulier les divisions politiques, ou religieuses. Nous citions la Révolution des Etats Belgiques Unis qui était en train de pourrir sur place/Exemple de divisions politiques pouvant mettre à mal une révolution et arrêter le progrès.
Depuis le mois février de cette année 1790, ces divisions se sont accentuées sous la poussée des Statistes, déterminés à ne pas laisser la moindre parcelle d’expression, et encore moins de pouvoir, à leurs « amis » d’hier. Pour ajouter encore de la division à la division, le chef statiste Van der Noot a été jusqu’à refuser les propositions de conciliation faites par le successeur du défunt Joseph ii, Léopold ii, qui s’est montré bien moins intransigeant que son frère. Il était prêt à revenir sur de nombreux actes de Joseph ii, ainsi qu’à laisser une large autonomie aux provinces belgiques. Les démocrates, Vonck et le général Van der Mersch en tête, en ont été fort déçus et l’ont fait savoir de la voix et de la plume, suscitant l’ire de Van der Noot, du Congrès souverain, et d’une grande partie de la population. Du coup, Van der Mersch a été arrêté, Vonck a dû fuir et de nombreux vonckistes sont persécutés de tout côté. Voilà comment une révolution bien partie tourne mal, du fait d’un parti rétrograde qui s’est privé de nombreux révolutionnaires. Voilà comment une révolution va tranquillement vers son écroulement. Voilà sous nos yeux un funeste exemple à ne pas suivre. Et pourtant…
Notre révolution, comme on l’a déjà dit, n’est pas exempte de divisions. Les divisions politiques sont importantes, mais ce sont les divisions religieuses qui sont aujourd’hui les plus préoccupantes. La bonne vieille division entre catholiques et protestants, notamment dans le Sud. Les attaques successives de la Constituante contre la religion ont échauffé les esprits : la liberté des cultes proclamée par la Déclaration des droits du 26 août, la mise à la disposition de la Nation des biens du clergé en novembre… Mais deux décisions ont mis le feu aux poudres, qui sont la reconnaissance, le 24 décembre, des protestants comme citoyens à part entière et leur libre-accès aux fonctions publiques, et le refus mi-avril 1790 de reconnaître le catholicisme comme religion dominante. Depuis, la situation est très tendue dans tout le Sud, notamment à Nîmes et Montauban, touchées en mai et juin par des affrontements sanglants entre « ligueurs » catholiques contre-révolutionnaires, protestants et troupes patriotes – regroupant des tenants des deux courants religieux. Voilà comment, sous un prétexte religieux, des populations globalement satisfaites de l’éclatement de la Révolution, en arrivent à s’entredéchirer sous l’impulsion de la Contre-Révolution. Et ne nous y trompons pas, ces luttes religieuses d’un autre âge sont une véritable menace pour la Révolution. A ce point, la religion elle-même, quelle qu’elle soit, n’est-elle pas une menace ? Toujours est-il que ces luttes et persécutions religieuses du Sud font diablement penser aux luttes et persécutions politiques chez nos voisins du Nord. Un parti très (trop ?) traditionaliste au pouvoir, allié à une population somme toute encore très rétrograde notamment sur le plan religieux, qui refusent l’existence politique aux démocrates progressistes, voire l’existence tout court… La Révolution doit être plus forte que cela.
Et c’est possible car, au contraire des Etats Belgiques Unis, qui se sont condamnés à l’impuissance en nommant un Congrès souverain sans pouvoir, la Constituante avance dans ses travaux d’unification. Unification géographique avec la création des départements, districts, cantons et communes avec, à tous les niveaux, la même façon de fonctionner partout en France. Les premières élections municipales se sont déroulées en janvier-février. Les élections départementales sont survenues au printemps. Efforts d’unification sociale aussi avec, en juin, la suppression de la noblesse héréditaire. Quoiqu’il faille tout de même rester méfiant face à cette décision, à l’image de M. Marat, qui y voit des promesses trop belles pour être vraies. Les promesses de la Nuit du 4 août, sur lesquelles l’Assemblée est revenue les jours suivants en sont un triste exemple. Réjouissons-nous, mais restons vigilants.






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