mercredi 6 mars 2013

La Révolution française (12) : petit passage par Bruxelles

Bruxelles aux Bruxellois !

Depuis des semaines on sait que les Pays-Bas Autrichiens sont en proie à une fièvre révolutionnaire accrue, suite aux événements français. Ils ne sont d’ailleurs pas les seuls puisque leurs voisins de la principauté de Liège n’ont pas été en reste, qui ont décidé au mois d’août d’imposer leur volonté à leur prince-évêque. On apprend maintenant que la population de la principauté de Stavelot-Malmédy a réussi, en octobre dernier, à imposer à son prince-abbé l’élection d’une assemblée nationale chargée de lui faire part des griefs populaires. Décision qu’il a d’ailleurs rapidement mise de côté pour se ressaisir et, à peine une vingtaine de jours plus tard, interdire la réunion de cette assemblée. Qu’importe, l’expérience d’élections a été faite dans cette principauté, et son prince-abbé Célestin de Thys n’en a certainement pas fini avec les troubles. Sa principauté, voisine de celle de Liège, est en contact permanent avec la propagande révolutionnaire qui s’est développée dans cette dernière depuis le mois d’août.
Mais l’événement le plus retentissant en cet automne 1789, chez nos voisins du Nord, est bien l’exploit des patriotes bruxellois. A la mi-décembre, un mois et demi après la première victoire des troupes patriotes du général Van der Mersch à Turnhout, moins d’un mois après que ces mêmes troupes aient chassé l’armée impériale de Gand, les Bruxellois ont réussi d’eux-mêmes à chasser les troupes autrichiennes qui y étaient cantonnées. Bruxelles était très agitée depuis déjà des mois, voire des années, étant la ville d’origine des chefs insurgés Vonck et Van der Noot. Mais une trêve conclue entre le général D’Alton, commandant de l’armée impériale à Bruxelles, et Van der Mersch a permis au premier de commencer à renforcer les défenses de Bruxelles. Il n’en a pas fallu plus pour mettre les patriotes bruxellois dans la rue avec toutes les armes qu’ils ont pu trouver. Il semblerait que leur détermination fût telle qu’ils ont non seulement tenu les troupes impériales en respect, mais qu’en plus ils les ont faites refluer toujours plus loin, jusqu’à les obliger à sortir de Bruxelles dans le désordre, laissant souvent armes et bagages sur place. Il s’agit d’un événement considérable, non seulement par l’exploit accompli par une population mal armée et pas commandée face à des troupes militaires disciplinées, mais aussi parce que Bruxelles est rien moins que la capitale des Pays-Bas Autrichiens, enfin parce que le reflux des troupes impériales les a conduites jusqu’au Luxembourg, resté fidèle. De nombreuses villes étant elles aussi entrées en rébellion, les troupes impériales n’étaient plus les bienvenues nulle part.
En entrant aux Pays-Bas Autrichiens fin-octobre, les troupes de Van der Mersch avaient proclamé la déchéance de Joseph II. En se révoltant contre les troupes impériales, les grandes villes leur ont préparé le terrain en vue de la libération, et les Bruxellois en chassant les troupes impériales, ont complété le tableau qui concrétise cette grande proclamation. Et d’après nos informations, Joseph II qui a eu à affronter la fronde des patriotes et des Etats contre ses réformes depuis son accession au pouvoir, serait aujourd’hui au plus mal, incapable de se remettre des affronts successifs qu’on « osé » lui faire ses peuples des Pays-Bas.
Pour en revenir un peu à notre révolution, il convient de saluer une nouvelle décision qui ne peut que renforcer l’unité de la population autour de ce que construisent nos députés à la Constituante. Malgré une féroce opposition du côté droit – comme c’est devenu une habitude dès qu’il s’agit d’introduire un progrès –, les comédiens et les protestants ont enfin pu accéder au statut de citoyen et, partant, à l’égalité des droits. La lutte a cependant été si féroce à l’Assemblée que les « Noirs » ont finalement réussi à maintenir l’exclusion des Juifs du statut de citoyens en obtenant d’en rediscuter ultérieurement. Ce n’est que partie remise, Messieurs, bous n’arrêterez pas le progrès révolutionnaire. Et préparez-vous à un choc encore plus considérable lorsque s’ouvriront les débats pour ouvrir les l’égalité des droits et la citoyenneté aux femmes. Car il ne saurait être question, dans un pays qui vient d’écrire une déclaration des droits de l’homme, d’en exclure la moitié de sa population.






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