jeudi 21 février 2013

Standard and Poor's, encore à contre-courant...

Il paraîtrait que le météorologue des marchés financiers Standard and Poor's tient à féliciter la France pour ses réformes, visant à réduire ses déficits et à améliorer la compétitivité de ses entreprises. Pour marquer le coup, S&P évoque un éventuellement possible et hypothétique passage de la perspective de la France de "négative" à "stable"... Si c'est pas gentil ça ! 
Cependant, ce rapport de S&P arrive pile poil au moment où la Commission Européenne, de son côté, annonce de mauvaises nouvelles : bien loin des 0,8 % espérés, la croissance de la France ne devrait pas dépasser 0,1 % du PIB. Quant à son déficit public, sans de surprise depuis la semaine dernière - euh, pardon, depuis des mois... -, il sera de 3,6 % et non 3 %, comme le voulait Mr Promesses (lire aussi : http://boufcemon.blogspot.fr/2013/02/deficit-public-on-nous-aurait-menti.html ).
Rappelons que le gouvernement avait tablé son budget 2013 sur 0,8 % de croissance et le retour d'un déficit à 3 %. Alors, soit le gouvernement va devoir d'urgence revoir sa copie, soit la dette risque encore d'en prendre un sacré coup pour compenser le manque à gagner en termes de recettes, fiscales notamment. Bof, pensez donc, quelques milliards de plus ou de moins...
Il reste que ce rapport de S&P arrive donc complètement à contre-courant des mauvaises nouvelles qui s'enchaînent ces derniers temps (croissance négative fin-2012, déficit supérieur à 3 % en 2013, croissance à plat en 2013, gageons qu'en plus nous allons apprendre d'ici quelques mois que Mr Promesses ne sera en fait pas capable d'inverser la courbe du chômage d'ici la fin de l'année...). Mais ce n'est pas la première fois que le météorologue des marchés annonce une météo bizarre. 
En janvier 2012, la note de la France était dégradée de AAA à AA+ avec perspective négative, comme c'était annoncé depuis quelques mois. D'aucun disaient que l'arrivée prévue des socialistes au pouvoir y était pour beaucoup. Dès ce moment, les taux d'intérêts de la France sur les marchés devaient s'envoler, s'alarmaient les "connaisseurs". Il n'en a rien été, ils se sont maintenus, voire ont baissé, pour être carrément négatifs durant l'été. Vu comme ça, S&P peut nous dégrader plus souvent si elle le veut...
En 2007, S&P avait donné une bonne note aux titres pourris des subprimes aux States et, un an plus tard, crac badaboum ! tout s'effondre et le monde tombe dans une crise financière sans précédent depuis 1929. Du coup, S&P est sous le coup de poursuites judiciaires. Voilà qui apprendra à ce météorologue à annoncer du beau temps parce qu'on l'a payé pour, alors que c'est un ouragan qui menace ! (lire aussi : http://boufcemon.blogspot.fr/2013/02/les-simples-opinions-de-standard-poors.html )
Et voilà maintenant que S&P salue les réformes, ou projets de réforme de la France en matière de réduction des déficits ! Et quelles réformes ! 
Le pacte de compétitivité ou l'accord de flex(in)sécurité de l'emploi entre le patronat et les syndicats, qui élargissent encore les avantages patronaux aux dépends des salariés. Les projets de réformes, largement inspirés par la Cour des comptes ces derniers temps : baisse des allocations chômage, fiscalisation des allocations familiales, désindexation des pensions de retraite par rapport à l'inflation... On en passe et des meilleurs. Vider encore plus le portefeuille de ceux qui en bavent déjà pas mal, voilà la perspective qui ravit S&P. 
Alors étant donné ses états de service, mieux vaut se méfier du ravissement du météorologue S&P. Si ces joyeuses réformes aboutissent et que la France recouvre une perspective stable, les taux d'emprunt de la France sur les marchés financiers pourraient bien attendre des sommets.
Toujours se méfier de la météo...

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