vendredi 22 février 2013

La Révolution française, épisode 11 : la Nation prend les biens de l'Eglise

Consolider la Liberté ?

Une fois le Roi ramené à Paris et la menace d’un coup de force éloignée, l’Assemblée Constituante a pu reprendre l’élaboration de la Constitution. Cependant, se posent avec acuité deux grands problèmes. Ni le 14 juillet, ni le 4 ou le 26 août, ni les 5 et 6 octobre n’ont renfloué la dette de la Monarchie, et encore moins ramené le pain dans les boulangeries. Deux grands problèmes menaçant la liberté selon nos représentants. C’est pourquoi ils se sont dernièrement appliqués à adopter une nouvelle mesure révolutionnaire pour l’assainissement des finances du royaume, ainsi qu’une mesure d’ordre, certainement plus contestable...
Ce 2 novembre 1789, une retentissante étape révolutionnaire a été franchie : la mise des biens du clergé à disposition de la Nation dans le cadre de la lutte contre le déficit abyssal de la monarchie. Et, fait singulier, cette idée a été lancée par l’évêque d’Autun, Mgr de Talleyrand-Périgord. Rien d’étonnant à cela pourtant, étant donné le peu d’intérêt accordé par cet homme d’Eglise à… l’Eglise. Il ne lui en a pas fallu plus pour s’attirer les foudres d’un autre ecclésiastique, connu pour sa gouaille aussi légendaire que celle de Mr de Mirabeau : l’Abbé Maury. Ce dernier, membre de la partie que l’on qualifierait volontiers de contre-révolutionnaire de l’Assemblée, était bien sûr opposé à ce projet, n’hésitant pas à recourir à l’article 17 sur le droit de propriété de la Déclaration des droits, qu’il pourfendait pourtant de toutes ses forces en août… Mais pas de chance, il l’a utilisée à mauvais escient, l’Eglise n’étant ni un individu, ni propriétaire de ses biens. Il ne s’agit finalement que d’un corps qui administrait certains biens de la Nation, biens qu’elle veut reprendre. Tels sont en substance les arguments développés par les partisans de la reprise des biens du clergé, au premier rang desquels Mirabeau a encore livré un mythique combat face à son rival. Face à cela, Maury a tout essayé : le complot juif, la porte ouverte aux lois agraires… Mais rien n’y a fait, la Nation a légitimement repris possession des biens qu’elle avait laissé à l’administration de l’Eglise. Non Mr Maury, vous n’arrêterez pas la marche de la Révolution vers sa liberté financière !
Mais ce pas en avant ne doit pas nous faire oublier qu’un pas a peut-être été fait en arrière le 22 octobre avec la mise en vigueur de la loi martiale… Provoquée par les troubles paysans qui se perpétuent, contre l’impôt maintenant, mais aussi par de nouvelles émeutes sanglantes survenues à Paris, qui ont vu l’exécution d’un boulanger par la foule, cette mesure d’ordre ressemble à une mesure de facilité pour la Constituante, comme pour les autorités parisiennes. Il est en effet plus facile d’interdire les attroupements, sous peine de tirer, que d’améliorer l’approvisionnement de la ville. A ce sujet, la colère populaire est pourtant justifiée. N’est-ce pas déjà la reformation des queues devant les boulangeries qui a précipité le retour du Roi à Paris ? Interdire tout attroupement au lieu d’œuvrer à améliorer l’approvisionnement ressemble bien à une limitation de la liberté individuelle et collective. Espérons que la mesure sera vite levée, et que nous n’aurons pas à en reparler trop souvent…
Et pendant que nous travaillons à l’apprentissage de la liberté nouvellement acquise, profitons-en pour rendre hommage à nos voisins des Pays-Bas Autrichiens qui se battent pour l’acquérir. Effectivement, Messieurs Vonck et Van der Noot, chefs de file de l’opposition à l’empereur Joseph II, ont pour l’instant surmonté leurs divergences politiques – Vonck le démocrate réformateur et Van der Noot le Brabançon traditionaliste – et réussi à unir leurs troupes sous la même bannière. Sous le commandement du général Van der Mersch, leur armée a défait les autrichiens à Turnhout. Et elle les a récemment chassés de Gand. Grandes victoires pour cette armée si mal équipée et encadrée. Nous pouvons saluer leurs premiers pas vers la liberté et espérer la sauvegarde de l’unité le plus longtemps possible. Déplorons cependant qu’après avoir pris pacifiquement le pouvoir, les autorités bourgeoises de Liège n’aient pas davantage contribué à ramener l’abondance au sein de la ville. La tension qui y règne est à suivre de très près, car elle pourrait faire l’affaire du Prince-évêque et des forces contre-révolutionnaires.





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