mardi 19 février 2013

Fièvre de cheval pour les géants de l'agroalimentaire

Il paraîtrait que c'est maintenant au tour de Nestlé de retirer un certain nombre de produits des rayons italiens, espagnols ou portugais, comme contenant de la viande de boeuf chevaline. Des produits fournis pas une société allemande cette fois-ci, H.J. Schypke, sous-traitante de la société belge JBS Toledo, elle-même filiale commerciale du n° 1 mondial de la transformation de viande de boeuf, le Brésilien JBS. Aïe, déjà mal à la tête ? Voyons la suite...
Etrangement, le scénario est exactement, ou presque, le même que pour Findus-Cornigel-Spanghero-abattoir roumain. On voit bien Nestlé, en Suisse, passer commande à JBS Toledo, en Belgique, de produits surgelés à base de viande de boeuf. JBS Toledo passe elle-même commande à sa filiale transformatrice en Allemagne. Qui passe commande de viande à un fournisseur lambda en Allemagne ou ailleurs, du même genre que Spanghero. Fournisseur qui a - c'est fort possible puisque Spanghero l'a fait - fait appel à des traders pour trouver le boeuf le moins cher. Traders qui enfin, comme c'est la moins chère des viandes vendues en Roumanie, sont près à mettre des oeillères et à prendre un cheval pour un boeuf, quitte à semer la confusion sur toute la filière. Là on se sent carrément migraineux...
La cause de ces enchevêtrements d'intermédiaires et de ce résultat ? Voilà un scoop d'enfer : la recherche permanente d'un profit toujours accru. 
Ben oui, Nestlé demande à JBS Toledo des produits à bas prix à revendre trois fois plus cher aux consommateurs. JBS Toledo demande donc à sa filiale allemande de transformer sa viande pour pas cher, vraiment pas cher, JBS Toledo devant elle-même faire son profit. H.J. Schypke s'exécute mais, devant elle aussi maintenir ou accroître ses profits, demande à son fournisseur de la viande encore moins chère. Ce dernier finit par s'adresser à des gens chargés de dénicher la viande de boeuf la moins chère possible, qu'ils finissent par trouver en Roumanie dans un abattoir... de chevaux, viande que l'on peut avoir là-bas pour une bouchée de pain...
Voilà en résumé l'enchaînement qui, certes, peut donner la migraine au consommateur qui cherche à savoir pourquoi il a soudainement trouvé dans son assiette de la viande de boeuf transformée en cheval, mais qui a surtout filé aux géants de l'agroalimentaire une bonne grosse fièvre... de cheval ! Mais ne les plaignons pas trop, ils l'on bien cherchée. Pour avoir voulu minimiser leurs coûts et maximiser leurs profits, les voilà obligés de retirer des tonnes de produits des magasins et condamnés à perdre des millions. Et même chose pour les autres étages - bien nombreux... - de la filière. Et qui est victime ? Comme d'hab, les consommateurs et les travailleurs de la filière.
Un volontaire pour venir encore affirmer haut et fort que le capitalisme, et la recherche effrénée du profit qui va avec, n'est pas un système qui se mord la queue ? 

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