mercredi 23 janvier 2013

Les chômeurs français : des salauds de privilégiés !



C'est le tour de l'assurance-chômage de pâtir de la crise ! La Cour des comptes a pointé dans un rapport, encore chaud, le déficit important de l'Unedic, évalué à 13,7 milliards en 2012 et qui devrait s'alourdir de près de 5 milliards en 2013. Oui, parce que même si nos gouvernants claironnent sur tous les toits que la croissance devrait reprendre progressivement en 2013, il est prévu que ce "progressivement" fasse encore 178 000 chômeurs sur l'année... (lemonde.fr, 23 janvier 2013)
Va donc venir le temps douloureux des mesures à prendre pour stopper le creusement exponentiel du déficit de l'assurance chômage. Mais que faire ? "Eh bien commençons déjà par préparer le terrain en utilisant une ficelle révolutionnaire, que personne n'avait jamais essayée avant", ont dû se dire les membres de la très vénérable Cour des comptes, "faisons culpabiliser les chômeurs français en les faisant passer pour des privilégiés". Des privilégiés par rapport aux chômeurs des autres pays européens s'entend...
C'est vrai, quoi, il faut se rendre compte ! Par exemple : en France, il suffit d'avoir travaillé juste quatre mois sur une période référence de 28 mois pour pouvoir toucher quelque chose ; en Allemagne, il faut avoir travaillé au moins douze mois, 24 en Italie ! 
Un autre exemple ? En France, l'indemnisation s'élève à près de 67% du salaire, ce qui est "nettement plus qu'ailleurs en Europe", et bien supérieur à la moyenne de l'OCDE (58,6 %), d'après Mr Lechypre ici présent (BFMTV, chronique éco, 22 janvier 2013). Chômeurs français, vous n'êtes que des privilégiés feignants qui gagnent trop à ne rien faire ! Car vous n'êtes évidemment tous que des profiteurs qui ne faites rien pour retrouver du travail rapidement ! Faire culpabiliser les chômeurs français par rapport à nos voisins, ça c'est du changement ! Révolutionnaire on vous dit ! 
Précisons tout de même que, pour faire bonne mesure, la Cour des comptes pointe aussi des problèmes d'équité comme le fait que ceux qui sont le mieux insérés et les plus proches de trouver un emploi sont aussi ceux qui touchent les indemnités les plus élevées ;  ou comme le fait que ceux qui touchent ces indemnités les plus élevées sont ceux qui se vautrent dans le chômage le plus longtemps, sachant qu'ils retrouveront un travail rapidement. C'est ce que conclut à demi-mot Mr Lechypre. 
Gageons que, lorsqu'il sera décidé de réduire la durée des indemnisation, ou autre joyeuseté de ce genre, ce type de détail sera oublié. 
Faire culpabiliser les chômeurs français, diviser les chômeurs européens, comme autrefois les travailleurs européens, le changement c'est maintenant ! (déclaration d'un certain François Hollande, Le Bourget, 22 janvier 2012).

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire