mercredi 5 décembre 2012

Morsi et la démocratie


Morsi, le très démocrate président égyptien, a un peu vite oublié ce qui, à l'origine, lui a permis d'accéder à ce poste : des manifestations monstres contre lesquelles les forces de l'ordre du tout aussi démocrate Moubarak n'avaient rien pu faire. En revanche, il n'a pas oublié comment ce dernier, ou Ben Ali en Tunisie, se sont éclipsés par derrière lorsqu'ils ont senti que la situation leur échappait... Morsi l'incompris a été obligé de fuir devant les menaces d'encerclement du palais présidentiel par la foule. 
Bizarre comme ses multiples déclarations, visant à rassurer l'opposition et la rue sur sa considérable extension de pouvoirs (décision constitutionnelle du 22 novembre), n'ont rien calmé depuis deux semaines... Pourtant, il dit cette décision "provisoire" et ne devant servir qu'à "accélérer les réformes démocratiques". Halala ! L'opposition n'a rien compris ! 
C'est pourtant clair ! L'avènement de la démocratie doit passer par... des attaques contre la démocratie ! C'est d'une logique implacable ! Eh bien visiblement, une bonne partie de la population n'entend rien à la logique morsienne, ou est moins simplette que ne l'espérait Morsi... Eh oui, il semblerait que, maintenant, même le quidam lambda réfléchisse, c'est pas dingue ça ?
Pourtant, la décision constitutionnelle du 22 novembre ne sera appliquée que dans l'attente de l'élection d'un nouveau parlement. Mais c'est comme si l'opposition croyait que Morsi, qui ne pense qu'un bonheur du peuple égyptien, allait faire en sorte que l'élection d'un nouveau parlement soit repoussée ad vitam eternam... Ou peut-être juste le temps que, par des décisions constitutionnelles (inattaquables donc), soit mise en place la Charia,  chère aux Frères musulmans et à leurs amis salafistes ? 
Mais non ! Pas le genre d'un monsieur qui, pour accélérer l'entrée en démocratie, commence par détruire... la démocratie.

Une manifestante anti-Mohamed Morsi passe devant les forces de l'ordre, mardi soir 4 décembre. Celles-ci ont peu répliqué aux assauts des manifestants, les laissant encercler le palais présidentiel. | REUTERS/AMR ABDALLAH DALSH (Le Monde, 5 décembre 2012)

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